Wu Yebin, PDG de Meegopad, lors d'un entretien le 8 novembre 2018 à Shenzhen ( AFP / WANG Zhao )
"Aujourd'hui, on mise sur l'innovation pour assurer le développement. La Chine devient un leader mondial dans ce domaine", déclare Wu Yebin, dont l'entreprise a atteint 25 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel. Elle vend d'ingénieux PC miniaturisés en clés HDMI et conçoit des lunettes à réalité augmentée.
"Shenzhen devient un point de rencontre pour des ingénieurs créatifs du monde entier", avance-t-il.
Parmi eux: Meng Jie, un Français qui a quitté la vraie Silicon Valley en 2017 pour créer Maybe, qui produit des enceintes intelligentes avec lesquelles on peut converser pour apprendre le mandarin.
"La Silicon Valley reste très en avance en matière d'intelligence artificielle. Mais à Shenzhen, tu trouves trois fois plus vite le composant électronique ou mécanique dont tu as besoin. C'est comme passer d'une nationale à une autoroute", s'émerveille le jeune trentenaire d'origine chinoise vêtu d'un T-Shirt.
"Les gens voient la Silicon Valley comme la Mecque de la tech. Et Shenzhen est une ville qu'ils sous-estiment beaucoup. Parce qu'ils ne savent pas ce qui est en train de se passer ici", souligne-t-il, en pointant la rangée de gratte-ciels depuis la fenêtre de son bureau.
Pékin a lancé en 2015 le programme industriel "Fabriqué en Chine 2025". Son ambition: ne plus être "l'usine du monde", mais un leader technologique: robots, voitures électriques, intelligence artificielle...
- Potentiel énorme -
"Les autorités, en matière d'innovation, définissent clairement les secteurs où elles souhaitent investir. Si votre entreprise est en phase avec ça, c'est la voie royale et vous obtenez des financements", déclare Duncan Turner, directeur général de HAX, incubateur de startups de Shenzhen.
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Duncan Turner, directeur général de HAX, incubateur de startups, le 9 novembre 2018 à Shenzhen ( AFP / WANG Zhao )
Le président américain Donald Trump s'inquiète de cette concurrence. Il a lancé une guerre commerciale contre Pékin et augmenté les droits de douane sur les produits chinois liés à ce plan industriel, notamment l'informatique, l'aéronautique et la robotique.
Peine perdue? Pour M. Turner, installé à Shenzhen depuis 2009, "le plus grand changement" depuis son arrivée est que les jeunes Chinois qui autrefois faisaient de la copie "sont devenus des experts en recherche et développement incroyablement inventifs et entreprenants".
L'augmentation du niveau d'études a permis l'émergence d'une nouvelle génération d'ingénieurs. Comme Zhang Zhaohui, PDG de Youibot, installé dans l'incubateur HAX, d'où il conçoit le premier robot autonome de maintenance pour autobus du monde.
"Le potentiel de Shenzhen est énorme. La ville pourrait très vite rattraper la Silicon Valley", prédit l'entrepreneur de 26 ans à la tenue impeccable.
Le Français Meng Jie acquiesce: "Il y a 20 ans, à cet endroit, c'était du sable et de l'eau. Dans 10 ans, Shenzhen sera une ville très importante dans le monde. Ce sera la capitale de l'innovation."